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  • Photo du rédacteurAlissa PELATAN

L'interview innovante - Le DRENCHE



Comment se forge une opinion ?

Selon Florent Guignard, cofondateur du Drenche, nos opinions se créent via des "bulles d'opinion" . Ces bulles d'opinion, véritables filtres à la pensée critique, nous conduisent inconsciemment à nous informer de l'actualité par l'intermédiaire de médias qui nous ressemblent, en accord avec notre opinion, ou nos a priori. Résultat, l'altérité de pensées disparaît. Le Drenche est un journal innovant qui souhaite rétablir le débat d'idées en confrontant les avis divergents sur les débats qui font la une de l'actualité.


Florent Guignard nous en dit plus sur son journal engagé qui pousse le lecteur à se questionner et à faire évoluer sa vision du monde qui l'entoure.


Le Drenche, c'est quoi et c'est qui ?


C'est un journal qui, pour chaque question d’actualité, propose deux tribunes engagées, une tribune « Pour » et une tribune « Contre ». Le but est de permettre au lecteur de se forger sa propre opinion.


C’est une équipe de 7 personnes. Le journal a été co-fondé par Antoine Dujardin et moi-même (ndlr : Florent Guignard).


Votre entreprise porte une attention particulière à l'éthique et la responsabilité sociétale ? Pourquoi ?


Le Drenche est une entreprise commerciale avec un triple label : ESS (économie sociale et solidaire), ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale) et ESPI (entreprise solidaire de presse d'information).


Au départ, lorsque nous avons créé l’entreprise, nous ne connaissions pas ces labels. Nous souhaitions simplement que Le Drenche ait un impact social positif sur la société. On a appris plus tard l’existence de la mention ESS et l’agrément ESUS et, notamment pour l’agrément ESUS, que cela signifiait que l’entreprise mette tous ses efforts et ses ressources dans la réalisation de son impact sociétal positif. Ce qui correspondait à notre état d’esprit.


Comment cette démarche se traduit-elle concrètement ?


Elle se traduit de différentes manières, par nos labels mais aussi par notre structure d’entreprise.


Sur notre structure d’entreprise, nous utilisons par exemple du papier en partie recyclé et totalement recyclable, ainsi que des encres végétales sans solvant pour réduire notre impact environnemental. Sur notre gestion d’entreprise, nous souhaitons donner les clefs du journal aux lecteurs. Les lecteurs proposent et choisissent les sujets traités.


Concernant les labels, on trouvait que le label ESPI était insuffisant en termes d’engagement. C’est pourquoi on s’est dirigé vers la mention ESS et l’agrément ESUS qui certifient que nous respectons des règles de gestion financière, une politique salariale équitable et une gouvernance inclusive.


Sur votre site internet, vous parlez d'une "raison d'être" ? Quelle est-elle ? Est-ce que vous vous définissez comme une société à mission ?


La raison d’être est présente à l’article 1 de nos statuts. On se considère comme une entreprise à mission car nous nous sommes constitués pour répondre à un problème de société. Le Drenche est une entreprise à mission car elle a une mission sociétale.


Vous parlez également d'impact, vous définissez-vous comme une entreprise à impact ?


Oui nous nous définissions comme une entreprise à impact dans la mesure où Le Drenche poursuit 2 impacts :

  • Le premier est de permettre aux gens de s’engager par rapport à leurs convictions. Or pour permettre aux gens de s’engager, cela passe par plusieurs étapes que nous résumons au Drenche par 3 temps « S’informer, se positionner, et s’engager via les outils pour s’engager ».

Les outils pour s’engager ?


Les outils pour s’engager sont pour le Drenche la mise à disposition d’outils fournis par nos partenaires Civic Tech. Ces partenaires sont des innovateurs démocratiques qui permettent aux citoyens de prendre part aux décisions via des outils numériques (pétitions numériques, outil de participation à la décision etc.).


Revenons à vos impacts, vous parliez d’un second impact ?


  • Le second impact recherché par le Drenche concerne les bulles d’opinions. Les bulles d’opinons sont des phénomènes naturels qui se créent via l’échange avec des personnes qui ont le même avis que nous. Aujourd’hui, avec le développement des réseaux sociaux, ce phénomène est renforcé par le jeu des algorithmes. La conséquence est que le lecteur s’informe par des articles qui sont déjà en accord avec son opinion, l’altérité d’opinion disparaît. Résultat : on ne comprend plus les gens qui pensent différemment.

Le Drenche propose sur un même sujet deux avis opposés, argumentés, non déformés ni caricaturés de gens qui pensent différemment. Par cette méthode on devient plus tolérant et compréhensif des personnes qui pensent autrement.


Comptez-vous mesurer votre impact sociétal/environnemental ?


On commence et on aimerait faire plus. On a une petite idée d’une partie de cette mesure d’impact mais il nous faut encore l’améliorer. Par exemple, nous pouvons actuellement mesurer le nombre de personnes qui se sont forgées une opinion par nos articles, mesurer le nombre de personnes qui viennent sur le site etc. Cependant on ne sait pas encore comment mesurer le changement d’opinion par exemple.

Nous avons entamé un travail avec des sociologues afin de définir des indicateurs pour mesurer cet impact.


Avez-vous une politique particulière vis-à-vis de vos parties prenantes (salariés, partenaires, etc.) ?

A Drenche, on considère l’entreprise comme un Etat car dans les deux cas c’est une absurdité qu’elle appartienne à une seule personne. Une entreprise toute seule ne fait rien, elle existe parce qu’elle intègre un tout. C’est pourquoi on essaie d’appliquer la démocratie à l’entreprise, c’est-à-dire qu’on essaie d’inclure le plus de monde dans la gouvernance de la société.


Nous incluons nos salariés dans le processus de décision de l’entreprise. Nous avons accordé le droit de vote à nos salariés sur un tas de sujets touchants à la société, on leur permet également de devenir actionnaire de la boite. Les lecteurs, nos bénéficiaires, ont aussi beaucoup de poids, comme indiqué précédemment.


Est-ce plus difficile de vous positionner sur le marché du média avec ces "contraintes" supplémentaires liées à votre engagement sociétal ?


C’est plus difficile et plus facile à la fois.


Plus difficile par rapport au monde des médias. C’est un monde en crise et pas toujours ouvert à la nouveauté. Ça a donc été une difficulté supplémentaire.


L’avantage en revanche c’est que c’est un monde en crise, en crise aussi parce qu’on reproche à ce secteur pas mal de choses sans pour autant qu’il ne se remette en cause. C’est pourquoi, nous avons une politique différente vis-à-vis de nos lecteurs, nous tentons vraiment de les inclure et c’est un gros point positif.


Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées en tant qu'entrepreneur social ?


Les difficultés étaient liées à notre spécificité à être à mi-chemin entre une association et une entreprise. Nous ne pouvions pas être considérés comme une association car nous étions trop rentables pour certains, et pourtant nous n’étions pas non plus assez rentables pour d’autres acteurs comme les investisseurs qui nous disaient que la mission d’impact ne résolvait pas le problème de rentabilité. On était donc trop commerciaux pour certains acteurs et pas assez pour d’autres.


Une anecdote ?


Un des premiers professionnels du secteur de la presse que nous avons rencontré au début était un grand patron de presse. Nous lui avons présenté le projet et son retour a été immédiatement de dire que notre projet ne marchera jamais. En gros, il nous disait que le modèle économique de la presse était d’avoir un milliardaire qui se reconnaissait dans nos idées et qui souhaitait faire passer les siennes, et donc pour être rentable il nous fallait trouver un milliardaire. Nous sommes sortis du rendez-vous déprimés. Finalement, on ne l’a pas écouté parce que selon nous il y a une place pour notre type de média. C’est un pari qu’on a fait.


Quelles sont pour vous les clefs de la réussite d'une start-up avec une mission sociétale et environnementale ?


Le fait d’avoir une mission sociétale et/ou environnementale est déjà un facteur de réussite. Quand on crée une boite, ce n’est pas simple tous les jours. La mission nous permet de nous raccrocher à notre projet. Par ailleurs, on a aussi eu la chance d’être bien accompagnés, ce qui est un point important dans une aventure entrepreneuriale.


Quelque chose notamment de retiré de l’incubateur Make Sense a été leur conseil nous disant d’être toujours très proches de nos bénéficiaires, des personnes qui vont utiliser nos produits. Être proche des gens qui nous utilisent, écouter ce qu’ils ont à nous dire, c’est également un facteur de réussite.


Comment voyez-vous Le Drenche dans 10 ans ?


La version papier que l'on tire actuellement à 80 000 exemplaires sera tirée à 100 000 exemplaires dès novembre.


Nos journaux version papier sont gratuits pour les étudiants exclusivement. Sinon, on peut nous retrouver sur notre site internet (www.ledrenche.fr) 100% gratuit et sans publicité, ainsi qu'en version papier en s'abonnant.


Nous arrivons à la fin de cette interview, souhaitez-vous ajouter un élément qui vous paraît important de souligner ?


Il y a un changement sociétal à faire ! Ce changement passera aussi par le média, c'est pour ça que Le Drenche a voulu créer un média qui permet au monde de demain d'émerger.


Le cabinet AMP Avocat est un des premiers cabinets français à accompagner les entreprises dans leur transformation en entreprise à impact ? Que pensez-vous des services d’accompagnement que nous proposons ?


Quand on est entrepreneur, on ne peut pas être spécialiste de tout. L'aspect juridique d'une levée de fonds est particulièrement complexe à gérer, et très difficile à faire sans avocat. Pour nous, AMP a été un parfait "décrypteur" de tous les termes et obligations juridiques.


Pour en savoir +, vous pouvez retrouver Le Drenche sur :

Tweeter : @LeDrenche


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